Mémoire recherche-création

Les Trajets cartographiques comme outil d’un processus créatif. Entre Pérou et France, l’expérience artistique de Lettres Péruviennes – première partie –

Université de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis Département Théâtre – UFR Arts, Philosophie, Esthétiques Master Scènes du monde, Histoire et création, Parcours Recherche – Création Sous la direction de Jean-François Dusigne Année 2019-2020

[FR]

INTRODUCTION

[EXTRAIT]

La cartographie comme support d’exploration

Sur le terrain de la création théâtrale, cartographier un processus de création, sera, alors, dans le cadre de ce mémoire, la réalisation et étude de ce que j’appelle des calques de création, autrement dit la représentation schématique des trajets cartographiques, qui deviendront une source d’information visuelle des différentes étapes de création. Nous entendons par représentation « à la fois l’image et le récit dans leurs rapports mutuels » Giovanna Zapperi (2014)

Les calques de création fournissent le contour d’une mise en espace d’un texte, des déplacements des acteurs, etc., et même des aspects plus intimes et philosophiques du processus de création, qui conduisent à une connaissance plus large de l’expérience artistique. Je me suis posé différentes questions depuis la première rencontre avec le texte et le plateau. Est-il possible de cartographier les silences, l’immobilité ? Est-il possible de cartographier tout ce que je n’ai pas choisi dans le texte ? Et plus encore de cartographier mon choix et le confronter à ma propre cartographie personnelle ? Et si c’est bien le cas, par quel moyen le faire ? Il me semble important de penser les calques de création comme un dispositif tout autant que comme des imaginaires. Cet atlas d’une expérience artistique de création, que j’essaie de traduire dans ce mémoire ne clôt pas l’interprétation de l’œuvre (qu’il s’agisse ici du calque lui-même, lequel peut être considéré également comme une œuvre, ou bien de l’œuvre représentée), laquelle reste ouverte dans l’esprit des spectateurs, et des lecteurs. L’atlas, sera alors ici, « une forme visuelle du savoir, une forme savante du savoir » Didi-Huberman Georges (2011) André Breton dans L’Amour fou souligne que « comme une lumière, l’imaginaire a besoin d’un support pour advenir, d’un espace pour apparaître et s’étendre […] Une carte peut se révéler cet espace nécessaire, cet écran, ce blanc, ou chacun, écrivain, musicien, peintre, verra s’écrire son œuvre en lettres de désir » Il ajoute : « Il faut comprendre par imagination la faculté psychique de former, d’agencer ou de recomposer un ensemble d’images mentales. Le produit de cette faculté prend alors le nom d’imaginaire »

Calques de création : Trajets cartographiques

En tant qu’éléments visuels, ses calques de création, suivent les traces de chaque processus de création de la pièce Lettres Péruviennes –Première Partie- que j’ai développé antérieurement. Elle se sont transposées en termes visuels comme un dessin dynamique en temps réel. Les dessins de mes cahiers de créations, sont devenus des mouvements graphiques qui m’ont permis ensuite de les travailler plastiquement.

Ces calques sont des trajets localisés de mon processus de création et aussi de la mise en espace de la scène. Comme disait Michel de Certeau en rapport aux cartes dans l’espace urbain « Certes les procès du cheminer peuvent être reportés sur des cartes urbaines de manière à en transcrire les traces (ici denses, là très légères) et les trajectoires (passant par ici et non par là). Mais ces courbes en pleins ou en délies renvoient seulement, comme des mots, à l’absence de ce qui a passé. Dans ce sens, ses calques de création montrent les chemins d’un parcours intime en tant que créatrice en dialogue avec mon œuvre.

Sur ce point, il s’agit de produire un point de vue cartographique du processus de création théâtrale, qui existe grâce à la mémoire personnelle, des participants, et ensuite le dialogue à celle du spectateur. Ces circuits de mémoires, je les ai représentés comme les feuilles d’un atlas qui marque aussi un territoire toujours en mouvement.

Ces calques que j’ai créés ne sont pas que des représentations plastiques au sens qu’elles sont des objets de contemplation, mais elles deviennent des formes indépendantes pour continuer sa propre trajectoire comme une œuvre elle-même. [ … ]

Texte intégral PDF, bientôt sur ligne.